Mémoires sur la Révolution française

MORT DE LOUIS XVI 419 j'aurais bien désiré que le duc d'Orléans et lui eussent cru plus sérieusement les choses que je leur avais dites, parce qu’alors le roi eût gardé sa couronne, qu'ils auraient vécu eux-mêmes au milieu de la tranquillité et de la joie, au lieu de passer leur vie à se cacher, sans avoir pour s’abriter une maison ou un carrosse. J’ajoutai que le procès du roi était l'événement le plus cruel et le plus abominable qu'on eût jamais vu, et que la seule chose qui m'étonnait était qu’il ne se fût pas trouvé un chevalier français assez brave pour mettre le feu au bâtiment où siégeait la Convention, brûler les scélérats qui y étaient et délivrer le roi et la reine de la prison du Temple. Il me dit qu’il était désolé du procès du roi, mais que ce qui pouvait arriver de pis était sa réclusion jusqu’à l'arrangement des affaires; qu’assurément il y aurait des membres de la Convention qui voteraient la mort, mais que ce qui le consolait beaucoup était que le duc

d'Orléans ne volerait pas, comme il le lui avait assuré.