Mémoires sur la Révolution française

126 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

une idée de mes souffrances ; mais assurément tout ce qu'il y avail d'honnête à Paris a dû partager mes sentiments.

Le lendemain, dimanche, j'appris que les poissardes devaient aller en corps à la Convention ou à l'Hôtel de Ville pour réclamer la liberté du roi, qui devait être exéculé le lundi. Mais ces misérables firent publier dans les rues une proclamation annonçant que toute femme, qui serait trouvée dans les rues le lundi, serait mise hors la loi et qu’on ferait feu sur elle.

Je résolus alors de ne pas rester à Paris une heure de plus, et, prenant un laisser-passer à ma section, j'allai, avec ma femme de chambre, à ma maison de Meudon, pour ne pas respirer le même air que les meurtriers du roi.

Le lundi matin, 21 janvier, j'espérais à chaque inslant que les Parisiens se lèveraient en masse pour sauver le roi, et, à dix heures précises, j’entendis tirer

le canon. Je crus que c'était un mouvement en fa-