Mémoires sur la Révolution française

-UN DOMESTIQUE DÉVOUÉ DU ROI 427 veur du roi; mais hélas! c'était le moment où son auguste tête venait de tomber!

Meudon est sur une hauteur, et, avec une lorgnette, j'aurais pu voir la place Louis XV, où cet horrible meurtre se commettait. J'allai sur la hauteur pour tâcher de rencontrer quelqu'un venant de Paris, qui pût me parler des derniers moments du roi. Enfin, vers midi, je vis un homme monter par la route, tenant à la main un mouchoir trempé de sang. Je connaissais cet homme; c'était un des ouvriers du roi, employé au château de Meudon, et très-attaché à son royal maître. Il me raconta l'horrible catastrophe; il avait été à Paris, dit-il, dans l'espoir de rendre des services, si quelque tentative était faite pour sauver le roi. Il était placé sous l’échafaud, et, Otant sa cravale, il l’avait plongée dans le sang du roi, pour la garder comme une relique de saint Louis XVI. Telles furent ses propres paroles.

Il m'en donna un petit morceau et mourut de douleur