Mémoires sur la Révolution française

128 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

deux mois après, avec ce mouchoir sanglant sur son cœur. Plusieurs gardes du parc de Meudon, qui accompagnaient souvent le roi à la chasse, moururent aussi de douleur.

Le roi chassait à Meudon le 5 octobre, quand la populace vint pour le forcer d’aller à Paris; ce fut le dernier amusement que prit Sa Majesté.

Le jour de la mort du roi fut le plus affreusement triste que j'aie jamais vu ; les nuages eux-mêmes semblaient en deuil; personne n’osait paraître, on n’osait pas se regarder. Les Jacobins eux-mêmes semblaient craindre les reproches de leurs complices. Je restai enfermée toute la journée; je n’appris rien de Paris ni ne voulus en rien apprendre. J'étais effrayée de l’idée d’y retourner jamais.

Depuis cette époque, tout annonça la Terreur. Robespierre devint tout-puissant. On n’osa plus élever la voix; les amis les plus intimes n'auraient plus

osé s'arrêter ni se parler; on tremblait dans son ap-