Mémoires sur la Révolution française

SA DÉFENSE 135

bien voulu ne pas la quitter; mais, maintenant, je ne Ja reverrai jamais. »

Jepris alors congé du duc et je merendis chez moi, au faubourg Saint-Honoré, disant à mes gens que je reviendrais à Paris le dimanche suivant, ce que je fis.

En traversant la place Louis XV, pour aller à Meudon, je sentis un frisson me parcourir tout entière, en voyant la place où était tombée la tête de l'infortuné monarque. Paris était alors d’une tristesse mortelle ; on ne voyait dans les rues que ma voiture et deux ou trois autres. Tout le monde semblait saisi d’effroi ; on ne se faisait plus de visites. Les spectacles n’élaient remplis que par des jacobins et des femmes de la plus vile espèce. Les députés garnissaient les meilleures loges avec des femmes perdues en bonnet rouges et vêtues en déesses de la liberté. Paris n'était qu'ordures et tumulte, et la partie honnête et tranquille de la population craignait de se faire voir et de

s'habiller d’une façon convenable.