Mémoires sur la Révolution française

140 MÉMOIRES DE MADAME ELLIOTT

j'étais à Paris, ils auraient pu avoir des soupçons si j'étais partie pour ne pas coucher chez moi, d'autant plus qu’ils devaient faire une visite domiciliaire. Cette visite ne m'effraya nullement, j'y étais habituée, et je n'avais personne de caché dans mon lit; aussi je fus peu polie pour ces importuns. J'avais promis à madame de Périgord d'aller la voir le lendemain, et madame de Jarnac me disait que si madame de Périgord voulait revenir à Paris, une personne qu'elle connaissait allait partir pour Calais, et qu’elle pourrait se charger d'elle avec un faux passe-port. Tout en désapprouvant ce projet, je ramenai à Paris madame de Périgord et ses enfants, et je les gardai tous chez moi pendant plus de dix jours.

C'était, je crois, en mars, vers le moment où Dumouriez s'enfinit de France, accompagné du duc de Chartres, fils du duc d'Orléans. Le jeune prince, en émigrant, écrivit une lettre très-dure à son père, qui

7 18 lui pardonna jamais. Son fils lui reprochait très-