Mémoires sur la Révolution française

JE PASSE LA NUIT AU CORPS DE GARDE AÂ49

Je passai toute la nuit dans ce triste lieu, n’ayant que les murs nus pour m'y appuyer le dos: pendant tout ce temps ils ne s'occupèrent plus de moi. A six heures du matin, environ, ma femme de chambre et un de mes domestiques m’apportèrent un bol de thé et un peu de pain; la section se trouvait dans une . rue voisine de ma maison. J'étais morte de fatigue et l'odeur du vin et du tabac, que j'avais respirée toute la nuit, m'avait donné un violent mal de tête. Les membres du comité révolutionnaire de ma section, qui étaient venus m'arrêter avec les soldats, étaient des marchands et le président un barbier, qui avait été un acteur zélé dans les massacres de septembre et, par conséquent, n'était qu'un misérable. Après m'avoir amenée, ils étaient allés se coucher chez eux etm'avaient laissée avec les soldats. Ils revinrent tous à huit heures du matin pour me conduire à la mairie où les prisonniers d'État étaient interrogés. C'était

tout près du Palais de Justice, à l’extrémité de ce