Mémoires sur la Révolution française

150 MÉMOIRES DE MADANE ELLIOTT 1 . qu’on appelle la Cité, du côté de l’eau opposé à celui

que j'habitais.

Ils eurent la cruauté de me faire marcher au milieu des soldats et les rues étaient affreusement sales. En arrivant là, nous trouvâmes la salle pleine de prisonniers, attendant leur tour, pour être interrogés. Je suis sûre qu'il y en avait au moins deux cents, beaucoup de femmes, dont plusieurs de haut rang. Pendant tout le temps que j'y passai, c'est-à-dire trente heures, je me trouvai tout près de la pauvre duchesse de Grammont et de la duchesse du Chàtelet. Il y avait à peine dix chaises dans la salle, et les femmes tombaient de fatigue. La duchesse de Grammont était très-grasse et ses jambes horriblement enflées. Un jeune aide de camp du commandant de Paris, dont la sœur raccommodait mes dentelles, m'aperçutet se fit jour au travers de la foule pour m’apporter une chaise. Madame de Grammont et madame

du Châtelet étant plus âgées que moi, je me fis un