Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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à cette époque, au rôle qu'il devait jouer plus tard. Marat avait proposé à Brissot d’être son préparateur (1). Tout en déclinant cet honneur, Brissot s’offrit de lui recruter des souscripteurs. I1 l'aida même, s’il faut l’en croire, à vendre ses livres et ses boîtes d'expériences. Il lui amena souvent des personnages illustres, désireux de le connaître et de l’apprécier.

Il se rendit chez Marat avec Chambon, Villar, l'abbé Miolan (2), Letourneur, le traducteur de Shakespeare, qu'il avait rencontré chez Mercier, et Sébastien Mercier lui-même, qui se cachait plus tard en voyant Marat. Il y avait aussi conduit M. de Pougens, membre de l'Académie des Inscriptions, qui écrivait à Brissot à ce propos : « Je me rendrai chez vous, si vous le permettez, afin de vous demander votre jour et votre heure pour aller ensuite chez M. de Marat (sic). Mon infirmité ne sera, je vous l'avoue, que le prètexte dont je me servirai pour entendre et admirer de près un homme aussi recommandable que lui par ses connaissances... » (Cette lettre est datée de 1782, époque à laquelle M. Pougens était déjà afligé de la triste cécité qu'il avait rapportée de Rome.) ”

Brissot devait présenter Marat à Fourcroy, mais il ne donna pas suite à son projet. Marat

(1) Mémoires de Brissot, I, 856. (2) Idem, I, p. 7-8-10.