Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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de Newton, ses formules mathématiques soient d'une clarté si saisissante et si lucide, qu'elles aient ébloui les contradicteurs au point de décourager les controverses. Ses démonstrations ont été si bien enchainées, qu'elles ont fait oublier, par une irrésistible séduction, la prétendue inanité de leur fondement.

Quand Marat soumettait son œuvre aux Compagnies savantes, il oublia qu’elles avaient leur siège fait. L’enthousiasme pour les doctrines de Newton avait été si général, qu'il lui fallut, pour obtenir une approbation ou même un simple examen, avoir recours à un subterfuge qui n’était, après tout, qu'une bien innocente supercherie littéraire.

En présentant, pour la première fois, à l'Académie son manuscrit des Découvertes sur la lumière, Marat s'était heurté à cette force d’inertie qu'on a si bien nommé la conspiration du silence (1). Sept mois avaient été employés à constater les expériences, trois mois à rédiger le rapport, cinq à le solliciter. L’académicien Le Roi, qui, avec le chimiste Sage, le comte de Maillebois et Cousin, avaient été chargés de l'examen des nouvelles doctrines, avait rédigé un long Mémoire où il mettait en évidence les qualités d'observation de Marat.

(1) V. la Correspondance académique (documents justificatifs, n° XV à XXXIII).