Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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tels adversaires, et Marat ne se fait point faute d'en abuser. L'abbé avoue qu'il a employé les deux méthodes alors en usage, l’électrisation par étincelles, et par commotions. Cette dernière ne lui aurait donné aucun résultat. La raison en est simple : ce qui réussit entre des mains habiles échoue toujours par la faute d'un maladroit. Quand on a une théorie, appuyée sur un raisonnement solide, l'application en devient aisée. Mais que penser d’un homme qui avance que la paralysie est une maladie provenant d’un défaut de fluide nerveux ; et qui, pour remplacer ce fluide, propose de donner aux paralytiques « quelques bons consommés, quelques vins généreux » pour les remettre sur pied ?

Mieux encore, on n'aurait qu'à suppléer aux aliments par l’électrisation. « Ainsi, lui répond Marat (1), pour entretenir la santé et les forces du corps, une machine électrique et une fontaine doivent vous suffire. Commencez donc par rassembler tous les manœuvres de Versailles excédés de fatigue, tous les malheureux épuisés par la faim, donnez-leur de belle eau claire, placez-les sur votre isoloir,gorgez-les de matière électrique, et s'ils sentent leur vigueur renaître sous votre main, alors, alors, Monsieur l’abbé,

(1) Observations del'Amateur Avec, p. 14 et 15,