Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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donner de ses nouvelles. Celui-ci n’a pas les mêmes raisons qu'elle de chercher à en atténuer la gravité. 6 juillet (1792).

«On s’aitend à une catastrophe terrible le 14 dans tous les coins de Paris et particulièrement aux Jacobins. On prêche le régicide ; il y a des projets sinistres, mais étant connus il sera peut-être possible de les faire échouer. Les Jacobins de toutes les provinces arrivent ici en foule ; il n’y a pas de jour qu’on n’avertisse la Reine de se tenir sur ses gardes ; tantôt c’est un officier, tantôt c'est un autre. On ne lui laisse pas un instant de tranquillité !. »

Cependant la Prusse et l'Autriche, ainsi que les émigrés, vont prendre l'offensive. C'est le moment critique pour la Reine. L'Assemblée déclare la patrie en danger; Brissot s’écrie à la tribune : « Législateurs, on vous dit de craindre les rois de Hongrie et de Prusse ; et moi je vous dis que la force principale de ces Rois est à la cour des Tuileries et que c’est là qu'il faut les vaincre d’abord. »

Fersen écrit à la Reine :

Bruxelles, 28 juillet.

« Voici le moment critique et mon âme en frémit. Dieu vous conserve tous, c’est mon unique vœu. S'il

1. Klinckowsirôm, Fersen et la Cour de France, Il, p. 318e