Mirabeau

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lui-même plus tard (dans son livre sur Les Lettres de cachet) l'inutilité de ce moyen, en remarquant que «l'autorité n’a jamais renoncé à ses acquisitions, même à celles qui Pexposent à des dangers ». Ici il constate seulement com-

bien est rare le courage nécessaire pour faire entendre aux

rois la vérité : «L’obéissance passive, s'écrie-t-il, devient à la mode. » Quand Mirabeau parlait ainsi il y avait longtemps que cette mode s’était établie en France et ailleurs ; elle commençait au contraire à passer, et lui-même était une preuve éclatante de ce fait, Il est vrai qu’elle devait refleurir plus tard plus que jamais!

Telle est la substance de ce livre, qui déjà fait pressentir le futur tribun du peuple et la flamme de son éloquence.

Cependant le marquis de Mirabeau, continuant de recourir à ce despotisme contre lequel son fils tonnait si éloquemment, avait obtenu contre lui une lettre d’exil qui le forçait à rester à Manosque. Ayant rompu son ban pour rendre service à un parent de sa femme envers qui il avait une erreur à réparer, un hasard malheureux l’amène à venger sur un baron un outrage fait à sa sœur, la marquise de Cabris. Par suite de cette affaire, il est arraché à son domicile et conduit au château d'If, rocher aride situé à quelque distance du port de Marseille. C’élait encore son père qui avait obtenu l’ordre de son arrestation. Une sévérité extraordinaire fut prescrite au commandant : privation de toutes nouvelles et de toute communication avec le dehors ; défense absolue d'écrire, En vain le commandant écrit au père que le prisonnier s’est toujours parfaitement bien conduit; le père ne se laisse point attendrir. Il finit seulement par consentir au transfèrement de Mirabeau dans une autre prison, voulant, disait-il, le soumettre à une nouvelle épreuve. Il le fit transporter du château d’If au fort de Joux, «ce nid de hiboux égayé par quelques invalides ». De cette prison Mirabeau écrit à son oncle une