Mirabeau

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séduction, le condamnait à avoir la tête tranchée, et condamnait M" de Monnier à être enfermée, la tête rasée, dans la maison de refuge de Besançon. Je n’accuserai point le père d’avoir voulu faire exécuter ce jugement sur la personne de son fils, bien qu'ilécrivît plus tard à son frère (10 juin 1779) : « Je verrai sans remords la mère sur les tréteaux et le fils à la Grève, et n’en irais pas moins la tête levée » ; il se serait contenté de l’envoyer aux Grandes Indes ;-mais ayant échoué dans cette entreprise, il fit marché avec l'agent que la mère de M de Monnier avait chargé d'enlever sa fille, pour enlever Mirabeau du même coup et l’amener, mort ou vif, d'Amsterdam à Paris.

Il avait obtenu une nouvelle lettre de cachet pour le faire enfermer à Vincennes (1).

Il y avait un singulier contraste entre la conduite de ce père barbare et persécuteur, et les théories de l'écrivain philanthrope. Mirabeau, pendant son séjour au donjon de Vincennes, fit ressortir ce contraste, en extrayant de l'Ami des hommes un certain nombre de maximes sur le droit naturel et le droit des gens, les lettres de cachet, les détentions illégales, les dénis de justice, les soustractions de causes aux juges institués, en un mot tous les abus du despotisme, et en accompagnant ces extraits de commentaires destinés à mettre le marquis de Mirabeau en contradiction avec lui-même. Mais celui-ci pensait sans doute qu’en lui lécrivain et le père faisaient deux.

L'étude du Mirabeau d'avant la Révolution nous a montré

() Il y a quelques jours, écrivait vers cette époque ce terrible homme, je rencontrais Montpezat, que je n'avais pas vu depuis vingt ans, et dont la sottise s'attira une bonne provençalade : « Votre procès, me dit-il, avec la marquise est-il fini ? Je l'ai gagné. — Et où est-elle? Au couvent. — Et Mr votre fils où est-il ? Au couvent. — Et Mme votre fille de Provence (Mme de Cabris)? Au couvent, — Vous avez donc entrepris de peupler les couvents? Oui, monsieur, et si vous étiez mon fils, il y a déjà longtemps que vous y seriez. » Cet homme méritait bien que son fils lui écrivit : « Vous avez mené

tous vos enfants, excepté un seul, par la terreur, comme si c'était du sang d’esclave qui coulât dans leurs veines, »