Mirabeau

ose.

qu’il ait eu une part dans la rédaction de cette pièce, c'est à Mirabeau que revient le mérite de l’éloquence passionnée qui y respire.

Cependant le roi ne retira point ses troupes, et de scandaleuses orgies militaires, encouragées par les princes, les princesses et la reine elle-même, vinrent comme jeter un nouveau défi à l’Assemblée à qui Mirabeau avait déjà dénoncé le projet de la transférer loin de Paris, à Soissons, à Noyon. Le tribun éclata de nouveau: « Monsieur le » Président, s’écria-t-il pendant qu’on délibérait sur une » nouvelle adresse, dites au roi que les hordes étrangères » dont nous sommes investis ont recu hier la visite des » princes, des princesses,, des favoris, des favorites, et » leurs caresses, et leurs exhortations, et leurs présents ; » dites-lui que toute la nuit ces satellites étrangers, gorgés » d'or et de vin (1), ont prédit dans leurs chants impurs » l’asservissement de la France, et que leurs vœux bru» taux invoquaient la destruction de l’Assemblée natio» nale ; dites-lui que dans nos palais même les courtisans » ont mêlé leurs danses au son de cette musique barbare, » et que telle fut l’avant-scène de la Saint-BarthéHÉME Cette explosion d’éloquence produisit un effet indescriptible. Le roi, ayant fini par consentir au renvoi des troupes, vint annoncer lui-même sa détermination à l’Assemblée. C'est au sujet de cette démarche que Mirabeau prononça cette parole si connue : « Qu'un morne respect soit le pre» mier accueil fait au monarque. Dans un moment de » douleur publique, le silence des peuples est la leçon des » TOis. »

Ce fut dans le temps même où Mirabeau commençait à jouer un si grand rôle au sein de l’Assemblée nationale

(1) Allusion à une orgie du régiment allemand de Nassau.