Mirabeau

Dore

que mourut son père, le marquis de Mirabeau, l'ami des hommes. Celui-ci, retiré dans une maison de campagne, voisine de Paris, à Argenteuil, suivait ce rôle avec un vif intérêt : « Voilà de la gloire, de la vraie gloire », avait-il dit à un jeune secrétaire de Mirabeau, M. de Comps, qui lui apportait une lettre du grand orateur. Il expira pendant qu’une de ses petites-filles lui lisait un discours de son fils. Mirabeau fut vivement affecté de cette perte, qui, disait-il dans une lettre à ses commettants, « devait mettre en deuil tous les citoyens du monde ». Il oubliait en ce moment toutes les persécutions qu'il avait eues à subir pour ne songer qu’au père et à l'écrivain philanthrope. J’ajouterai tout de suite que, fidèle à ce sentiment dans les derniers moments de sa vie, il exprima, par son testament, le désir d’être enterré auprès de lui.

Reprenons le récit du rôle politique de Mirabeau. Les violences populaires qui souillaient la cause de la Révolution, les meurtres du conseiller d'Etat Foulon et de l’intendant Bertier massacrés par la foule, l’alarmèrent pour l'avenir de la liberté. Dans sa dix-neuvième lettre à ses commeltants il écrivait àce sujet ces belles et prophétiques paroles : « Hâtons-nous de dire que la continuation de cette » formidable dictature populaire exposerait la liberté pu» blique autant que les complots de ses ennemis. Lasociété » serait bientôt dissoute si la multitude s’accoutumait au » sang et au désordre, se mettait au-dessus des magistrats » et bravait l'autorité des lois. Au lieu de courir à la liberté, » le peuple se jetterait bientôt dans l’abîtme de la servitude, » Car trop souvent le danger rallie à la domination absolue » et, dans le sein de l'anarchie, un despote même paraîtun » SAUVEUr. »

J'aime moins l'intervention de Mirabeau (13 juillet) qui eut pour effet la réincarcération du baron de Beuzenval en faveur duquel Necker avait obtenu, à l'Hôtel-de-Ville où