Mirabeau

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nues inutiles ou funestes, ne pouvait manquer de se présenter aux esprits en présence du contraste que je viens de rappeler et de l’hostilité dont le clergé faisait preuve à l'égard de la Révolution. Ce fut un membre même de ce haui clergé, l’évêque d’Autun, M. de Talleyrand, qui, reprenant l’idée de Turgot, se chargea de démontrer devant l’Assemblée que le clergé n’était pas propriétaire, mais seulementusufruitier, et de proposer de remettre l’ordre dans les finances en attribuant à l'Etat la totalité des bénéfices sans fonctions, et des biens des communautés religieuses à supprimer. Cette proposition souleva naturellement la plus vive opposition du côté droit qui criait à la spoliation etau privilège; mais elle était vivement soutenue de l’autre côté, et Mirabeau se mit à latête de ses défenseurs, malgré toutes sortes de manœuvres dirigées contre lui et même, parait-il, d’après le témoignage d’un fidèle domestique, malgré des tentatives de corruption. Ce domestique, qui reçut les derniers soupirs de Mirabeau, raconte dans des notes remises à l’auteur des Mémoires, que le cardinal de Rohan, surnommé le cardinal Collier (à cause de son aventure), vint visiter Mirabeau dans le plus grand secret pour lui proposer un arrangement, moyennant lequel le clergé donnerait 400 millions pour payer les dettes de l'Etat et 10 millions à Mirabeau payés comptant sans que personne püût le savoir, ef que celui-ci lui répondit qu'il voudrait bien avoir de l’argent pour payer ses dettes, mais qu'ayant accepté de défendre les droits de la Nation, il ne serait pas infidèle à sa tâche et ne fausserait pas son serment.

Dans le discours que Mirabeau prononca le 30 octobre, partant de ce principe qu'il n’y a d’utile que ce qui est juste, il examine s’il est juste en effet de décréter que tous les biens du clergé appartiennent à la Nation, et il établit, . contrairement aux prétentions de l’Église, que la Nation a le droit de dissoudre le clergé comme corporation existante

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