Mirabeau

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la poursuite des crimes de lèse-nation, ayant déposé la procédure qu’elle avait instruite sur les événements des 5 et 6 octobre 1789, et où plusieurs dépositions inculpaient, avec le duc d'Orléans, Mirabeau, celui-cifit décréter par l’Assemblée (31 août) que cette procédure serait impriméeet que le Comité des rapports rendrait compte des charges portées contre les deux députés indiqués; et, bien que ce comité déclarât dans son rapport qu'il n’y avait lieu à accusation contre aucun de ces deux députés, Mirabeau saisit cette occasion pour repousser, du haut de la tribune, une calomnie qu'il n'avait pu jusqu'alors relever publiquement. Son discours improvisé, dont le texte imprimé ne donnait, selon lui, qu'une faible idée, fut d’une extrême vivacité, et il fut écrasant : même dans ce texte on reconnaît la griffe du lion blessé. L'effet en fut très grand. Mirabeau, dit un témoin oculaire peu suspect de partialité pour lui, le marquis de Ferrières, descendit de la tribune au bruit des vifs et des plus nombreux applaudissements qui l’accompagnèrent jusqu’à sa place et se prolongèrent longtemps après qu’il y fut assis. Lesnobles, les évêques, les témoins, honteux, embarrassés, semblaient avoir changé de rôle, et d’accusateurs se trouvaient accusés. Tous demeuraient dans un morne silence.

Revenons maintenant à l’année 1789 pour continuer, suivant l’ordre chronologique, l'exposition du rôle politique de Mirabeau. Il est intéressant de noter la part qu'il prit aux débats sur la question des biens ecclésias- | tiques. L’opulence du clergé, dont le revenu foncier était évalué à trois cents millions, formait un scandaleux contraste avec la détresse de l'Etat. L'idée développée par Turgot dans l’article Fondation de l'Encyclopédie, et que le publiciste devenu ministre avait alors songé à appliquer, cette idée, que la société a le droit de réformer ou de détruire les fondations perpétuelles quand elles sont deve-