Mirabeau

Me po

core utile ; celui que ne rassasie pas une vaine célébrité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l'opinion populaire, cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible qui fait justice à tous. Que ceux qui prophétisaient depuis huit jours mon opinion sans la connaître, qui calomnient en ce moment mon discours sans l'avoir compris, m'accusent d’encenser des idoles impuissantes au moment où elles sont renversées, ou d'être le vil stipendié des hommes que je n'ai cessé de combattre; qu’ils dénoncent comme un ennemi de la Révolution celui qui, peut-être, n’y a pas été inutile, et qui, cette révolution fût-elle étrangère à sa gloire, pourrait là seulement trouver sa sûreté ; qu’ils livrent aux fureurs du peuple trompé celui qui depuis vingtans combat toutes les oppressions, et qui parlait aux Français de liberté, de constitution, de résistance, lorsque ces vils calomniateurs sucaient le lait des cours et vivaient de tous les préjugés dominants. Que m'importe! ces coups de bas en haut ne m’arrêteront pas dans ma carrière. Je leur dirai : Répondez si vous pouvez; calomniez ensuite tant que vous voudrez ! »

Puis, après avoir discuté pied à pied les arguments de Barnave, Mirabeau défendit contre lui son projet, article par article ; si c’est, dit-il, la question de l'utilité du pouvoir royal qu’on veut poser, et du choix à faire entre la Monarchie et la République, qu’on le dise nettement. Mais si l’on veut partir de la base d’une constitution monarchique, il faut être conséquent avec ce point de départ. Et, résumant toute son argumentation dans une péroraison

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