Mirabeau

Mt RTE

vant ses expressions, dépérir, consumer à petit feu, et disait à ce sujet : « Si je croyais au poison lent, je ne douterais pas que je ne fusse empoisonné. » Ce proposa confirmé les soupçons d’empoisonnement que fit naitre sa mort soudaïne. Sa famille elle-même croyait à un empoisonnement; et, quoique son ami et médecin Cabanis eût répondu à sa sœur, madame du Saillant, pendant la maladie qui l’emporta : Q«Eh! qui donc pourrait avoir intérêt à empoisonner votre frère ? » pressé plus tard de questions par un des secrétaires de Mirabeau, il répondit : « Le fait du poison n’est pas prouvé, mais le contraire ne l’est pas non plus. » Le fils adoptif de Mirabeau, qui rapporte ce témoignage, ajoute que plusieurs des médecins qui avaient coopéré à l’autopsie du corps, lui ont déclaré à diverses époques y avoir reconnu destracesindiscutables de poison, bien que le procès-verbal n’en fit pas mention, la prudence ayant commandé le silence là-dessus. Mais je laisse celte question d’empoisonnement comme un problème historique qui, sans doute, ne sera jamais résolu.

Quand le bruit de la maladie de Mirabeau se répandit, le mardi 29 mars 1791, une émotion extraordinaire s’empara des esprits. Le soir, la foule se porta à la maison du malade et, pendant tout le temps de la maladie, ne cessa de remplir la rue qu'habitait Mirabeau et les rues voisines. On raconte que le grand orateur, en apprenant cet empressement, s’écria : « Un peuple si bon est bien digne qu’on se dévoue pour lui, qu’on fasse tout pour fonder, pour affermir sa liberté; il m'était glorieux de vivre pour lui, il m'est doux de sentir que je meurs au milieu du peuple. » Il était plein d’ailleurs de sinistres pressentiments sur le destin de la France : « J’emporte avec moi, disait-il, le deuil de la monarchie ; ces débris vont être la proie des factieux. » Le ? avril au matin, raconte Cabanis, il fit ou. vrirses fenêtres, et me dit d’une voix ferme : « Mon ami,