Mirabeau

ques

de demander à la cour un subside pour les mémoires et indications politiques qu’il s’engageait à rédiger dans toutes les circonstances importantes, et à transmettre secrète= ment à Louis XVI. Le prix de ces services ténébreux fut fixé à 6,000 livres par mois, plus 2,000,000 livres pour le paiement des dettes contractées par Mirabeau. Ce marché n’empêcha jamais le tribun de défendre à l’Assemblée les principes de la Révolution et d'attaquer les privilèges de la noblesse et du clergé. D'autre part, dans la collection des mémoires et indications politiques envoyés au roi, nous ne rencontrons pas un seul mot qui soitune désertion de la liberté et des doctrines de la monarchie constitutionnelle, c’est ce qui a donné lieu à cette phrase : Mirabeau s’est fait payer, mais il ne s'est pas vendu. La cour se montra, à plusieurs reprises, très irritée de celte attitude indépendante d’un homme dont elle croyait avoir acheté la parole. Elle se plaignit; Mirabeau répondit à ces plaintes avec hauteur: « En vérité, mon ami, écrivait-il en octobre 1790, au comte de Lamarck, je n’ai nulle envie de livrer à personne mon honneur. Si je n'étais que politique, je dirais : j'ai besoin que ces gens-là me craignent ; mais je suis un concitoyen, qui aime la gloire, honneur et la liberté avant tout, et, certes, Messieurs du rétrograde me trouveront toujours prêt à les foudroyer.. En un mot je suis l'homme du rétablissement de l'ordre et non du rétablissement de l’ancien ordre. »

En conséquence, Mirabeau se prononça contre le maintien du drapeau blanc sur les navires de l'Etat, en faveur du droit de pétition, pour l'abolition du droit d’aînesse et l'égalité des partages, pour l'indépendance du pouvoir judiaaire et la liberté du commerce, pour la liberté électorale. Tant de travaux, d'émotions, de fatigues (sans parler des plaisirs dont ne se privait pas l’ardente nature de Mirabeau), minèrent sa robuste constitution. Il se sentait, sui-