Mirabeau

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cérité de ses opinions ; c'était bien toujours ses propres idées qu’il défendait, il ne trahissait donc pas la cause qu'il avait embrassée, mais il la soutenait par des moyens sans délicatesse. Voici comment il avait été amené à cette espèce de forfaiture morale.

Mirabeau avait fait, en 1788, la connaissance du comte de Lamarck. Ils s'étaient ensuite retrouvés à l’Assemblée où Lamarck, quoique étranger, puisqu'il était né en Belgique, avait été envoyé par la noblesse du bailliage du Quesnoy. Plusieurs fois Mirabeau lui confia ses sentiments sur la marche des événements et sur le rôle qu'il désirait y jouer. Dans ses entretiens intimes, il se montrait ce qu'il avait été, nous l’avons vu, avant la Révolution, et ce qu’il était resté depuis : dévoué à la cause révolutionnaire, telle qu’il la comprenait, mais en même temps favorable à celle de la monarchie. Il ne les séparait pas l’une de l’autre. Il faut insister sur ce point, car c’est faute de l'avoir bien constaté qu’on s’est livré sur Mirabeau aux jugements les plus étranges. Beaucoup d'écrivains, persuadés que l’illustre tribun avait été un partisan de l’idée républicaine, lui ont prodigué, à tort, l’épithète d’apostat. Le gouvernement qu’il faut à la France, disait un jour Mirabeau au comte de Lamarck, est un gouvernement semblable à celui qui existe en Angleterre ; c'est un tel gouvernement que je voudrais contribuer à établir chez nous. Mais Mirabeau ne se contentait pas de la gloire d'améliorer la situation politique de son pays, il voulait aussi, en mettant son talent et sa puissance au service de la monarchie constitutionnelle, faire tourner cette cause au protit de sa fortune personnelle. Très dépensier, ne sachant pas distinguer entre un débiteur et un créancier, très prodigue ettrès endetté par conséquent, entretenant, à ses frais, une légion de familiers et de faméliques, Mirabeau avait d'énormes besoins d'argent. Il accepta la proposition que lui fit le comte de Lamarck,

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