Mirabeau

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sifié le texte des discours qu’il avait prononcés, fit imprimer à part ces discours et les envoya à tous les administrateurs des départements avec une lettre où il se défend noblement contre les attaques mensongères de ses ennemis et explique dignement sa conduite. « Tant qu’on n’a calomnié que ma vie privée, écrit-il, je me suis tu, soit parce qu’un rigoureux silence est une expiation des fautes purement personnelles; soit encore parce que la verge de la censure publique m’a toujours paru infiniment respectable, même placée entre des mains ennemies. » Mirabeau avait grand mérite à tenir un pareil langage, car jamais homme ne fut diffimé comme il l’a été. Une brochure (pour ne citer qu’un seul exemple) publiée contre lui, portait cette épigraphe : « Voilà, je l'avoue, le plus impudent et le plus lâche coquin qui soit dans les trois royaumes. »

Mirabeau ne se contenta pas de reconnaître, avec une humilité remarquable, que la calomnie avait des droits sur sa personne, il ajouta, dans la lettre où il se justifie, ces paroles dignes d’être retenues :

« Ceux-là, messieurs (déjà tous les citoyens éclairés le sentent), ceux-là seuls seront les vrais amis du peuple, qui lui apprendront qu'aux mouvements qui nous ont été nécessaires pour sortir du néant, doivent succéder les conceptions propres à nous organiser pour le temps ; qu'après nous être assez méfiés, qu'après avoir surtout assez déblayé de misérables décombres, il faut le concours de toutes les volontés à reconstruire; qu'il est enfin temps de passer d’un état d’insurrection légitime à la paix durable d’un véritable élat social, et que l’on ne conserve pas la liberté. par les seuls moyens qui l’ont conquise. »

Malheureusement, dans le temps même où Mirabeau parlait ainsi, il avait déjà engagé avec la cour des relations secrètes dont nous avons déjà parlé et sur lesquelles il faut revenir. Sans doute ces relations n’enlevaient rien à la sin-