Mirabeau

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heureuse conquête qui devait avoir pour conséquence de permettre au Corse Bonaparte de se rendre le maître de la France. Lui-même déplorait plus tard, devant la Constituante, la part qu'il avait prise à cette conquête; qu'eût-il dit s’il avait pu prévoir la dure expiation réservée à son pays? Il avait montré d’ailleurs, pendant son séjour en Corse, qu'il était quelque chose de plus qu’un soldat : tout en se distinguant par son zèle et ses talents militaires, il avait entrepris une histoire de la Corse, où son père trouvait la marque d’une tête pleine de feu, de nerf et de génie, et un cœur ferme, fort et bon, mais à l'impression de laquelle il crut devoir s’opposer. De retour en France après une année d'absence, Mirabeau, aidé de son oncle le baïlli de Mirabeau, qu’il séduisait par son esprit et ses bonnes dispositions, fit d'abord de vains efforts pour ramener son père ; celui-ci persistant dans son système de méfiance et de dureté, s’arrangea pour ne pas le voir. A la fin, vaincu sans doute par les supplications de son frère, qui ne cessait de lui vanter la bonté de cœur de son fils et lui conseillait de le traiter avec plus d'amitié, il se décida à le voir. Il le recut (dans le Limousin) avec bonté, à ce qu'il dit ; il dit même avec attendrissement ; faut-il Pen croire sur parole ? En tout cas, il lui permit de reprendre son nom et lui confia quelques affaires épineuses à déméler. Malheureusement la présence de lamarquise de Mirabeau, que des affaires de succession avaient appelée au même lieu et les tristes querelles qui éclatèrent à chaque instant, surtout entre le mari et la femme, faisaient au jeune homme une position bien difficile. Il n’était pas au bout de ce côlé.

Bientôt il rejoint son père à Paris, et lancé, comme l’écrivait celui-ci, dans les présentations, va trois jours par semaine à Versailles, attrapant les entrées partout, « éton-

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nant ceux-là même qui ont rôti le balai à la cour ». Le