Mirabeau

LE CHR

vre enfant, dont le marquis de Mirabeau n’espérait aucun amendement. En même temps le jeune Mirabeau acquit chez lui l'instruction la plus vaste : langues anciennes, langues modernes (anglais, allemand, italien, espagnol), mathématiques, dessin, musique (qu’il lisait à livre ouvert) ; il excellait encore dans les exercices du corps : équitation, natation, escrime, paun e.

Cependant son père lui tenait toujours rigueur. Bien plus, il interdit à sa mère, qu’il avait chassée du domicile conjugal, pour y installer une maîtresse, M de Pailly, toute correspondance avec lui : parce qu’elle faisait passer quelque argent à son fils, il l’accusait de débaucher la partie véreuse de sa famille. Il songea même à expatrier ce membre qu’une prévention aussi opiniâtre qu’absurde lui faisait regarder comme véreux et incurable ; mais il se contenta de l’envoyer en qualité de volontaire à une école de régiment qu'avait fondée le marquis de Lambert et qui s'appelait Berne-cavalerie.

Là encore le jeune baron Buffière (c’est le nom qu'il portait toujours) se conduisit de manière à satisfaire ses chefs ; et il finit même par satisfaire son père ; mais une petite perte au jeu (40 louis) et quelques dettes rallumèrent la colère du marquis. Une folie de jeunesse y mit le comble : rival heureux de son colonel dans une affaire d'amour, mais insulté par lui sans pouvoir s’en venger, le jeune volontaire avait quitté son poste et élait allé se réfugier à Paris, chez un ami de son père, le due de Nivernais. Exaspéré, le père voulait l'envoyer aux colonies ; il se rabattit sur une lettre de cachet qu'il obtint par M. de Choiseul pour le faire enfermer à l’île de Ré.

Mirabeau ne quitta cette prison que pour aller servir en Corse, comme sous-lieutenant, sous les ordres du baron de Vioménil (colonel de la légion de Lorraine, «l’homme bu’il lui fallait » selon son père. Il prit part à cette mal-