Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XXXIV NAPOLÉON Ie ET LE ROI LOUIS.+

remplir jusqu’au bout ses devoirs envers lui et envers la Hollande, attaché peut-être par un attrait plus grand qu'il ne se l’avouait lui-même à cette royauté que déjà on lui rendait si lourde, il chercha à se tirer, le moins mal qu’il le pourrait, de la situation difficile et presque inextricable où il se trouvait engagé. Il se soumit donc, malgré sa répugnance, au décret du blocus. Il tenta d’abord de n’en ordonner la stricte exécution que dans l’Ost-Frise, dont il devait la récente acquisition aux événements militaires, sans rien ajouter, dans son royaume, aux prohibitions existantes (1). Mais on ne le laissa pas maïtre d'interpréter ainsi la volonté de l’empereur, et il se vit obligé de soumettre la Hollande, non moins que l'Ost-Frise, aux mesures stipulées par le décret. Il est vrai qu'il n'apporta pas d'abord en leur application toute la rigueur qu’eût souhaitée Napoléon. Mais était-il possible qu’il se prêtât volontiers à des sévérités qui devaient consommer la ruine totale du pays? De toutes les nations contraintes de s'associer au système de la France, la Hollande n’était pas seulement celle qui en souffrait davantage; par sa situation géographique, par l'étendue de ses côtes, elle était celle où une application rigoureuse devait rencontrer le plus de difficultés. Comment d’ailleurs fermer totalement les communications, quand la population entière était naturellement hostile au décret et disposée par cela même à le mal observer? Il arriva ainsi que cette question du blocus, à peine engagée, devint tout aussitôt pour le roi une nouvelle cause de tracasseries et de récriminations. Dès le mois de janvier 1807, Napoléon se plaignait que le commerce entre la Hollande et l'Angleterre se fit comme avant le décret (2). Un mois après, il prétendait que ce commerce était plus actif

(1) Docum. histor., t. I, p. 257 et suiv. (2) Napoléon à Louis, 13 janvier 1807, p. 91.