Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DE TILSITT. xxx

mais il ajoutait qu'il fallait en finir, qu'il était décidé à conquérir la mer par la puissance de terre, que tous ses efforts auraient lieu désormais sur le continent, que c'était par ses armées de terre qu'il voulait reprendre le Cap et Surinam, et qu'en servant ses desseins Louis avait entre les mains la grandeur future du peuple hollandais. Revenant à des idées exprimées en des lettres précédentes, il menaçait, au cas où la Hollande ne lui serait d'aucun secours, de faire la paix à ses dépens. « Ayez 30,000 hommes, disait-il. La première force d’un État, le premier soin d’un roi est d’avoir une armée. Ne payez pas plutôt les dettes. Si l’on persiste en Hollande à ne vouloir aucune force armée, vous serez envahi au printemps, et je vous laisserai deux mois dans les mains des Anglais, et les Hollandais paieront deux cents millions de contributions. Ce que je vous demande par-dessus tout, c’est de ne plus me parler misère. Le but de toutes vos actions est de chercher les applaudissements des boutiquiers, et vous négligez ce qui vous importe le plus. De l’énergie, de l'énergie! On ne fait le bien des peuples qu’en bravant l’opinion des faibles et des ignorants (1). >

Offensé dans les sentiments les plus honorables qui le liaient à son pays d'adoption, n’obtenant de son frère que des mots durs et blessants, contraint à des mesures dont les résultats devaient être funestes à la Hollande, Louis, qui se sentait alors plus malade et se croyait destiné à une fin prématurée, eut pour la première fois la pensée d’aller terminer ses jeurs sous un climat plus doux, dans une retraite exempte de soucis et d’affaires (2). Il.surmonta néanmoins cette impression de découragement. Résolu, comme il le mandait à son frère, de

(1) Napoléon à Louis, 3 et 15 décembre 1806, p. 80, 88. (2) Louis à Napoléon, 30 décembre 1806, p. 89.