Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
XXXII NAPOLÉON I« ET LE ROI LOUIS.
dans les pays alliés ou soumis, devenait prisonnier de guerre. En recevant la copie de ce décret, Louis fut d’abord atterré. Il sentit de quel coup redoutable il frappait la Hollande, déjà si cruellement éprouvée, et qui, entre toutes les nations commerçantes de l'Europe, conservait avec l'Angleterre tant d’intérêts communs. Il n’osa toutefois avouer à Napoléon qu'une partie de ses sentiments. € Aussitôt que j'ai eu connaissance du décret de V. M. sur le blocus général des îles Britanniques, je me suis empressé d'y concourir de mon mieux; mais Je ne puis, malgré la peine que cela me cause, cacher à V. M. que cette grande mesure, qui aura des résultats décisifs et heureux pour la paix, ruine en ce moment un nombre considérable d’individus. » Puis, insistant plus qu'il n’avait encore fait sur la détresse du royaume : « J'ai une grâce à demander à V. M. c’est qu’elle m'indique les moyens que je dois employer pour lui démontrer la triste situation des finances de ce pays. Je désire vivement convaincre V. M. de la vérité; j'espère qu'alors elle ne m'accuséra plus de faiblesse et de bonhomie, et qu’elle s’assurera que je n’ai jamais chargé le tableau. La précipitation et l'urgence des derniers préparatifs militaires ont’ augmenté l’énorme dette. Je ne sais comment fournir aux dépenses faites, ni à celles que les armements pour le printemps vont exiger; et, au moment de faire le budget de l’année, je vois que les dépenses indispensables s'élèvent à près du double de toutes les ressources possibles, c’est-à-dire à près de la moitié du revenu général des particuliers (1). » C’étaient autant de plaintes inutiles. Napoléon reconnaissait que le blocus ferait du tort à la Hollande et à la France, qu’il ruinerait les villes de commerce, telles que Lyon, Amsterdam et Rotterdam;
(1) Louis à Napoléon, 7 décembre 1806, p. 81, 82.