Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
DE LA BATAILLE D'IËNA AU TRAITÉ DE TILSITT. XLI
ennemi « invétéré. » Puis, jugeant sans doute qu'il s'emportait plus que de raison sur un bruit qui n'avait peut-être rien de bien fondé, il se contenta de mander à son frère qu’il refusait d'ajouter foi À une semblable nouvelle. Les informations qu'il avait reçues étaient en effet inexactes. Louis répondit qu’il n'avait pas rétabli la noblesse, comme on le prétendait; qu'il n’y avait en Hollande aucune classe privilégiée; que quelques familles y portaient le titre de comtes ou de barons, sans posséder ni comtés ni baronnies, € et qu'il n'avait pas cru devoir les empêcher de prendre ces titres devant lui, puisque, même dans le fort de la Révolution, et dans tout le pays, elles se les étaient toujours donnés par écrit et verbalement (1). »
Avant que cette explication lui fût parvenue, Napoléon, mécontent des tendances que le fait, exagéré ou non, du rétablissement de la noblesse indiquait chez son frère, lui adressait le 4 avril une lettre irritée. Dans cette lettre, — dont la longueur faisait contraste avec la brièveté de celles qu'il lui avait écrites depuis le commencement de la campagne et qui étaient presque uniquementrelatives aux opérations militaires, — il ne se bornait pas à renouveler les critiques particulières qu'il lui avait déjà faites, il lui reprochait l’esprit qui, depuis le commencement de son règne, semblait diriger les actes de son gouvernement. Le fait est que Louis portait dans sa politique des idées et des dispositions dont l’empereur avait lieu de n'être pas satisfait. Tandis que Napoléon, en accordant un trône à son frère, avait cru donner la Hollande à la France, Louis essayait au contraire de la tirer de ses mains et tenait à honneur de se montrer Hollandais. Toujours en quête d’ar-
(1) Louis à Napoléon, 12 avril 1807, p. 107.