Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État

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lorfqu’on peut faire déchirer un homme en difant qu’il eft accapareur de blés, ou brûler fa maifon en l’appelant arif tocrate, qu'il faut être plus difficile en preuves, plus fobre de dénonciations, & plus confiant dansune long. vertu, qui ne fe dément pas en un inftant. ie

Vous avez cité le Caveant Confules ! Sans doute, il donnoit aux confuls une autorité fans bornes. Vous auriez pu citer aufli la diétature ; mais les confuls étoient deux, le diélateur étoit un, & il n’y eut jamais de Cuseant Senatores.

Cicéron lui-même éroit armé , depuis vingt jours, de ce décret redoutable; il avoir déjà fair toutes fes difpofitions contre les projets de Catilina : & voyez toutes les

mefures qu'il prend encore , toutes les informations qu'il

fait avant d’accufer les conjurés ; écoutez-le, difant luimême au Sénat, qu'il « ne blefe pas encore d’une feule parole, ceux qu’il auroit déjà dû frapper du glaive des lois. (1)-- ‘Tant cet homme vertueux , & ce grand homme d'Etat , apportoit de fcrupule à recueillir toutes les preuves d’un crime, avant de dénoncer un coupable ! I y a loin de-là à votre fyftême.

Enfin, nulle part vous ne trouverez chez un peuple libre, la Faculté d’accufer , fans trouver À côté la difficulté de calomnier; par-tout vous verrez l’accufation publique conciliée avec la tranquillité particuliere ; par-tout , l’accufateur comptable & linnocent préfervé : fans cette union, il n’y a pas de liberté. Voilà mes principes : je reprends les vôtres, & vous fuis pas à pas.

» Que ceux, dites-vous, qui confondent la dénoncia» tion d’un fait avec la dénonciation de perfonnes ». Que prétendez-vous dire? N’avez-vous donc pas dénoncé le fait & la perfonne ? N’avez-vous pas nommé M. de SaintPrieft? Ne lavez-vous pas apoftrophé , accufé d’un grand crime ? Si vous aviez dit feulement : & Tel propos a été » tenu : je demande qu’il en foit informé, (je n'aurois pas pris la plume. ) La délarion fecrette & laccufarion publique. (Je vous ai montré que je ne les confondois point, puifque je dételte l’une & que j'honore l’autre; je vous ai montré que c’étoit vous qui les confondiez; je vous ai montré ,enfin, que la délation fouvent fecrete, fouvent aufh étoit publique ; & que celle-ci, fans rien perdre de la bafefle de la premiere ; ajoutoit à fon atrocité). Les

(x) Quos ferro trucidari oportebat , eos nondim yoce yulnero.

plaintes