Oeuvres diverses

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gouvernementale sur la joue chaude encore de leurs soufflets de la veille. Cet homme traité par eux d'apostat, ils le couvrent de leur garantie auprès du peuple etassument ainsi la solidarité de sa trahison.

Que les fous croupissent en lâches à Doullens et au Mont-Saint-Michel, Garnier-Pagès, lui, combat à coup sûr. Plaudite cives ! Un demi-suecès le fera ministre ; un triomphe complet, gouvernement. Maitre Jacques est pour tout faire. Il serait radical s’il n’était constitutionnel et constitutionnel s’il n’était radical. Le peuple a-t-il le dessus ? Vive la République! A-t-il le dessous”? Vive le roi !

« La République a été le rêve de toute sa vie, mais « il eût accepté un gouvernement de conciliation ».

Ce qui veut dire que le rêve de toute sa vie, la République, est un gouvernement inconciliable, Or, que doit faire l’homme honnête et modéré d’un pareil rêve, sinon le secouer commeuneauchemar ? Pourse réveiller, notre héros ne s’est pas pincé, mais il a pincé rudement les autres, et n’ayantpu prévoir l’avènement de l’Zneonciliable, il l’a trahie d’abord, puis broyée dans le sang.

Ce n’est pas pour le pays avili, pour le Droit renié. et insulté, pour la liberté sociale, politique ct religieuse que le peuple et l’armée s’égorgent dans les rues, c’est pour décider si Pagès sera ministre ou dictateur, Dieu même est de la partie, Garnier nous l’apprend. Il trouble la raison de Louis-Philippe afin délever au pouvoir son fidèle serviteur. ;

En face des cadavres sanglants, image trop vraie de la France égorgée, notre héros nese départ pas de son flegme et de sa modération : « Justice sera faite, dit-il, à la foule frémissante; vous sortez de la légalité. Rentrez chez vous. » Telles furent ses paroles. Aujourd’hui, l’histoire éditée par ces vieux floueurs de révolution farde un discours digne de Janus, chef-d'œuvre d’équivoque.