Oeuvres diverses
TP DEL ER ET NH
MOTOR
— 255 —
Malheureusement le peuple — ce vocable dont ils ont tous tant abusé — emporte ces toiles d'araignées tissées par des mains laborieusement ambitieuses. Vite, Odilon envoie son Pagès à l'Hôtel de Ville, prévenir les événements et soutenir la Régence. Il arrive avec sa bande de royalistes et parlemente longtemps avec le peuple au bruit de la fusillade qui jonche de morts le pavé.
D’heure en heure, il éerit à son chef Odilon : Aégence ! Régence ! Tout à coup une bande d'hommes à la figure et aux mains noires de poudre, aux haiïllons fumants, à la voix furieuse, se rue dans la salle et braque ses fusils sur le lutteur ministériel. Aussitôt, le rève de toute sa vie éclate dans Garnier-Pagès. « On m'a forcé, écrira-t-il, je cède par devoir. Vive la République! » .
C’est maintenant la grande parade jouée à l'Hôtel de Ville devant un publie nombreux et bruyant. Fioles de quintessence, poudre d’orviétan, recettes el incantations magiques se débitent à grand orchestre : tout se guérit, tout s’extirpe sans douleur, sans remède... rien qu'avec des phrases. Il suffit de prendre par les épaules et de pousser à la porte les agitateurs qui empêchent les bons citoyens d'entendre et d’applaudir.
0 misère! Curée de médiocrités ambitieuses dont le peuple paiera bientôt les hontes, comme toujours ! Après l’Iliade, la Batrachomyomachie. Après l'épopée de 92 et de 93, l’indigne parodie du gouvernement provisoiré. Cette salle de Saint-Jean où siégeaient les céants de la grande Commune, où le peuple, par un secret instinct, était venu chercher sa tête et son bras, la salle qui vit Hébert et entendit Chaumette n’est plus qu'une baraque où des charlatans effrontés trafiquent de l'honneur et de la liberté d’une nation. La place de Grève, battue tant de fois par les vagues humaines, n’est plus qu'un champ de foire.