Oeuvres diverses

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Ames sensibles et contre-révolutionnaires, vestales de la réaction qui abaisserez votre pouce lorsque le peuple, ce grand vaineu, trainera dans l’arène, n’accusez pas les dictateurs de l'Hôtel de Ville. Ils ont agi selon leurs forces. Ces mugissements qui vous faisaient tressaillir jusqu’au fond de vos boutiques et de vos salles, ils les ont étouffés. Ces gaillards robustes, aux muscles saillants, dont la blouse hétéroclite encombrait le boulevard, ils les ont renvoyés à l’atelier, à l'exil ou au charnier; ces réclamations menaçantes pour votre caisse et votre égoïsme, ils les ont éludées ; enfin, cette République dont le nom seul vous est un épouvantail, ils l’ont livrée... que dis-je? ils lont égorgée eux-mêmes ! Ingrats !

Voyez Garnier-Pagès, son amant platonique, qui se serait nonobstant consolé avec une Régence, il se dévoue, il se jette dans le mouvement comme un Décius de réaction. S'il court à l'Hôtel de Ville, c’est en vue des excès et des agitations à réfréner. Fil y reste, c’est pour étrangler la liberté par l’ordre, et le droit par la légalité.

A peine établi, après avoir envoyé sa dernière dépêche au maître Odilon : « On veut, dit-il, que je sois « maire de Paris. » Après avoir essayé en vain de faire nommer des royalistes pour ses adjoints, Garnier entonne l’hymne hypocrite, louche et nauséabonde comme un chant de trahison :

« Ordre et conciliation ! Pas d’excès. Pas de révolu« tion. Il faut se rallier autour du gouvernement pro« visoire. Le vsisseau va sombrer. La société va périr. « Appel à tous les hommes de cœur. » Voilà pour les royalistes (1).

Clémence et grandeur ! Liberté de crever de faim ou d’être fusillé. Egalité : done, les pauvres doivent

(1) VIe vol. p. 56.