Oeuvres diverses

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« pour y faire triompher les principes que l'opposition « a défendus avec ardeur, nous n’eussions pas hésité « à appuyer comme un progrès toutes les réformes que « vous eussiez voulu donner au pays, sous la réserve « toutefois de nos désirs et de nos espérances; mais « puisque c’est à nous que les destinées de la France « ont été confiées, je n'hésite pas à mon tour à faire « un appel loyal, à vous et à vos amis, convaincu qu'eux et vous, vous n’hésiterez pas à y répondre. « Votre ami de cœur et tout dévoué, « GARNIER-PAGÈS. »

Le concours de M. Odilon Barrot était acquis d'avance à d'aussi nobles cœurs. Pourquoi le leur aurait-il refusé? Ils n’osaient proclamer la république. Leur première élucubration n’en dit mot. La seconde ne la proclame que conditionnellement, sauf ratification. MM. Pagnerre et Bixio s'émeuvent de tant de hardiesse et courent retirer l’audacieux papier; mais le peuple, cet indocile, s'y Opposa.

Puis nouvel incident. Par une inspiration lucide de l'avenir, le peuple apportait à l'Hôtel de Ville les cadavres des citoyens tombés sur les barricades, sombre memento mori qui, sous les yeux des dictateurs réactionnaires, se dressait comme un reproche et une menace. Un de leurs premiers actes, signé Garnier-Pagès, ordonne de les jeter la nuit à la fosse commune. On croirait rêver si l’on n’avait sous les yeux cette inqualifiable pièce:

« Le gouvernement provisoire ordonne que le trans« port des cadavres au cimetière sera fait la nuit, sans « appareil, avec les moyens que possède l'Administra« tion des hospices.

« Pour les membres du gouvernement provisoire : « Signé : GARNIER-PAGES.

à

« 25 février. »