Oeuvres diverses

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que Garnier cunctator sauvait de plus en plus la caisse et la patrie.

Quel général n’éprouve un échec? Cette brillante

tactique se heurte à l’égoïsme des journalistes et ce contretemps a laissé quelque trace dans l’histoire merveilleuse écrite de sa plus belle plume de Tolède par le conteur arabe de la rue Saint-Roch. Ces infâmes folliculaires n’osent-ils pas réclamer l'abolition du timbre, chaine odieuse de la pensée qui dit : Silence au pauvre! En vain Garnier fait appel à toutes les ressources du pathétique :

« Quant aux principes, s’exclame-t-il avec un ton de crocodile, nous sommes d'accord avec vous. La pensée doit être affranchie radicalement !.… il ne peut plus y avoir d'impôt du timbre, de cautionnement, parce que rien ne doit entraver la circulation de la pensée. Mais il y a une difficulté, c’est la situation. S'il n'y avait que l’impôt du timbre qui fût lourd, pénible, dur, mais il y a d’autres impôts; il y a les octrois, il y a l'impôt sur le sel qui touche à la vie du pauvre, et cette révolution est faite pour le pauvre et pour le peuple. »

Le peuple avait bon dos, mais ces journalistes sont

insensibles. En vain l’héroïque Garnier dispute pied à pied un terrain qui lui échappe. « Le timbre sera supprimé dix jours avant la réunion de l’Assemblée Nationale. » Les journalistes refusent tout paiement; de sorte qu'il fallut céder et faire de nécessité vertu. Voici en quels termes piteux le Moniteur l'annonce à l’ombrageuse réaction : « La presse ne pouvait rester en

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dehors de la sollicitude du gouvernement. Résolu comme il l’est à maintenir tous les impôts pour acquitter les engagements et assurer le service de Etat, il ne pouvait considérer comme un simple revenu

« fiscal, une taxe essentiellement politique. »

Merci de la munificence ! On avait plus facilement