Oeuvres diverses

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raison du peuple. Un gouffre s’est ouvert tout à coup sous les fleurs de rhétorique. Les caisses de l'Etat sont vides. « Union! concorde! s’il vous plaît! » La charité pour ces pauvres millionnaires, plaintifs accapareurs ! Une obole aux banquiers juifs et hollandais! Abomination! La République va manquer aux engagements de la liste civile, renier la signature de Villèle et de Guizot, sevrer de leurs rentes ces excellentscitoyens qui soldérent les victoires de Transnonain, de Vaise, les lois de septembre et l’embastillement parisien. Aussi le drapeau noir se hisse à l'Hôtel de Ville. Le capital est en danger! C’est au peuple encore à payer 18 ans de corruption électorale : on lui en fait l'appel suprême. Quel spectacle! Ils ont eux-mêmes le courage de narrer toutes les sublimités d’un dévouement qui, en face de l’égoïsme moqueur des hautes classes, apportait à la spéculation masquée en patrie pantelante la timbale d'un père, le bijou de famille, le livret de caisse d'épargne, une décoration civique. Ils eurent le cynisme d'accepter; et ces modestes dépouilles tombant comme une goutte d’eau dans l’abime, Garnier-Pagès n'hésite pas à demander à la République son droit de joyeux avénement, les 45 centimes. On sait combien, en dépit d'une réserve illusoire sur les petites cotes, cet impôt désastreux a pesé sur les campagnes désespérées (1). Il éloigna de la Révolution son vieil allié le paysan, lui laissa pour longtemps sous les yeux le spectre bizeauté des 45 centimes, et fut l’arme de choix des réactions. M. Garnier-Pagès n’a cessé de revendiquer ce chefd'œuvre fiscal qui poignarda la Révolution. Personne ne le lui conteste. Qu'il reste eloué à son front comme le stigmate le plus hideux, l’argent arraché au pavre! Aucune de ces viles et terrestres préoccupations ne pouvait atteindre Garnier dans la haute sphère où il

(1) Voir plus loin, page 286 et suive