Oeuvres diverses
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était placé : tel est du moïns le portrait que nous en trace un autre aventurier de 48, M. Emile Thomas (1):
« M. Garnier-Pagès est grand; ses longs cheveux « gris flottent derrière sa tête. IL a le front découvert « plutôt que haut, ses yeux ont quelque chose d’égaré « ct sa physionomie respire l'exaltation; son visage et « ses habitudes de corps indiquent la plus grande sa« lisfaction de lui-même, le plus profond respect pour « ses propres opinions, la plus grande confiance en « son infaillibilité.… M. Garnier-Pagès ne discutait pas, « il tranchait et posait ses avis d’une voix stridente en « les entremêlant de sa locution proverbiale favorite : « purement et simplement... M. Garnier-Pagès nous « laissa à peine le temps de nous expliquer et nous fit « un très long discours d’où il ressortait que lui seul « au gouvernement était capable de quelque chose. « Je me souviens encore que le caissier et le payeur, « profitant de l’audience pour présenter au ministre « quelques observations. M. Garnier-Pagès leur dit : « — Ne vous inquiétez de rien, Messieurs, je vous don« nerai mes instructions, j'ai tout prévu: tout est là, « ajouta-t-il en portant le doigt à son front. »
Ainsi M. Garnier-Pagès, Pythie frémissante sur son trépied provisoire, prétendait à l’inspiration des prophètes. Rien de merveilleux. Non seulement ce singulier gouvernement d’une république était appuyé par les légitimistes et par les prêtres, mais par le Ciel. Dieu les avait conduits au pouvoir en endureissant le cœur du Pharaon bourgeois, la Providence était l’introductrice de Pagès au ministère.
« (Garnicr-Pagès accepte le ministère des finances « (M. Garnier, comme César et Montluc, parle de « lui-même à la troisième personne) confiant, non dans « sa capacité (oh!) mais dans le concours de ses col-
(1) Histoire des Ateliers nationaux.