Oeuvres diverses
MIE
Quant aux fanatiques sans galons ni plumets, dont le cœur saigne pour le peuple trahi, dont l'âme pleure, souffre et gronde à l’unisson de son âme, ils sont voués par privilège à l’exécration. N'est-ce point justice? Ils n’ont qu'une seule passion, l’idée. [ls s’abandonnent aux masses sans réserve comme sans mesure, et partagent le délire de leurs entraînements. [ls ne travaillent point dans un but personnel, mais pour le triomphe d'un principe. La foi les guide, non le caleul. En un mot, ce sont des scélérats et des fous. Les honnêtes gens de tous les partis se lèvent d’un bond contre ces monstres, et les traquent sans pitié comme des bêtes fauves, vivants et morts, sur la place publique et dans l’histoire.
Rien de plus naturel. Tout individu qui ne donne pour but à ses efforts ni lui ni les siens est la négation vivante de la propriété et de la famille ; son désintéressement est un péril pour la société ; et voila pourquoi, dans tous les temps et dans tous les pays, ceuxlà s'appellent les honnètes gens qui ont pour unique mobile l'intérêt, qu’il s’agisse de conserver ou d’acquérir, et qui ne poursuivent jamais, en politique, que les honneurs, la fortune et le pouvoir. Ils se reconnaissent entre eux à l’égoïsme, leur vertu de fond, et, d’un accord spontané, ils excommunient les convictions et mettent le dévouement hors la loi.
Cette race n’a jamais fait défaut, et ce n'est pas elle qui menace de disparaître. En suivant à la trace dans le courant des siècles, on ne découvrirait pas une seule faille dans sa lignée. Le génie sème, le sacrifice féconde, elle moissonne et emmagasine. L'univers entier la connaît et l’a toujours connue, puisqu'elle en est la souveraine. Mais çà et là se détachent en relief quelques règnes de cette immuable dynastie. Au quatorziôme siècle, quand surgissent les communes, . Etienne Marcel est une de ses plus nobles victimes, et