Opuscules et fragments inédits de Leibniz : extraits des manuscrits de la Bibliothèque royale de Hanovre

522 DE L' HORIZON DE LA DOCTRINE HUMAINE

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Pur, VIII, 94. depuis, j'aurois pu traiter les choses tout d’une autre facon. Cependant Z (pour le dire en passant) >> j’avois remarqué des lors ce theoreme general de Logique : que les quatre figures des Syllogismes ont chacune un nombre pareil de modes utiles; et que dans chaque figure il y a six modes. Enfin quand les lettres ou autres caracteres signifient des veritables lettres de l'Alphabet, ou de la langue, alors l’art des combinaisons avec l'observation des langues donnent la Cryptographie [c’est-à-dire Vart de faire des chiffres et] de déchiffrer. J'ay encore remarqué qu'il y a un calcul des combinaisons ou le composé n’est pas un tout collectif, mais distributif, c’est-à-dire ou les choses combinées ne doivent concourir qu’alternativement, et ce calcul a encor ses loix toutes differentes de celles de l’Algebre. Enfin la Specieuse generale recoit mille façons, et

05 recto. l'Algebre n’en contient qu’une. | Or sans entrer dans la discussion particuliere des loix qui diversifient la Specieuse, on peut la combiner avec l’Arithmetique en calculant le nombre des variations possibles que les notes generales peuvent recevoir. Ces variations peuvent estre prises de differentes façons, et dans les ecritures que nous formons << en nous servant => des lettres < d’alphabet >, il y a de la varieté < tant > à l'egard des lettres que > de l’arrangement des lettres, et des intervalles ou distinctions (car nous n’ecrivons point tout de suite, mais nous laissons de la distinction entre les mots.) Or puisque toutes [les] connaissances humaines se peuvent exprimer par les lettres de l Alphabet, et qu’on peut dire que celuy qui entend parfaitement l’usage de l'alphabet, sçait tout; il s’en suit, qu'on pourra calculer le nombre des verités dont les hommes sont capables << et qu'on peut déterminer = la grandeur d'un ouvrage qui contiendroit toutes les connaissances < humaines > possibles; et ou il y auroit tout ce qui pourroit jamais estre sçü, ecrit, Ou inventé; et bien au dela. car il contiendroit non seulement les verités, mais encor les faussetés que les hommes peuvent enoncer; et meme des expressions qui ne signifient rien. Cette recherche sert à mieux concevoir, combien peu est l’homme au prix de la substance infinie, puisque < le nombre de >> toutes les verités que < tous > les hommes < ensemble > peuvent sçavoir << est assez mediocre >> quand il y auroit une infinité d'hommes << qui par toute une eternité se relevassent dans l'avancement des connoïssances, et supposé << tousjours > que la nature humaine ne soit pas plus parfaite qu'elle est a present < car il ne s’agit point icy de