Opuscules et fragments inédits de Leibniz : extraits des manuscrits de la Bibliothèque royale de Hanovre

RÉSUMÉ DE MÉTAPHYSIQUE 533

l’autre vie, [ou] quand l'ame humaine sera elevée à un estat plus sublime. >> Ce paradoxe est bien d’une autre force que celuy d’Archimede, qui fit voir aux courtisans du Roy Hieron que le nombre des grains de sable qui rempliroïient << non seulement tout le globe de la terre, mais encor >> l’espace d’une bonne partie de l’univers << etendu d'icy jusqu'aux astres >> est assez petit et aisé à écrire, car ce nombre n'est presque rien au prix de celuy des verités, puisqu'il n'y a point de grain de sable, qui n'ait sa figure particuliere, et qui ne pourroit fournir un grand nombre de verités, sans parler des verités tirées des autres choses. Il ne s’en suit pourtant pas, si le monde << avec le genre humain = dureroit assez, qu’on ne pourroit trouver que des verités déja connues autresfois car le genre humain se pourroit contenter d’un certain petit nombre | de verités, pendant toute une eternité << qui ne seroient qu'une partie de celles dont il est capable, ainsi il laisseroit tousjours quelque chose en arriere. > Mais supposé qu'on aille tousjours en avant < pendant qu’on peut quoyque peut estre lentement pourveu le progres demeure tousjours le même, il faut enfin que tout s’epuise >> et qu’on ne puisse pas même faire de Roman, qu'un autre nait déja fait; ny former de chimere nouvelle. Ainsi il faudroit tousjours qu’il fut un jour vray au pied de la lettre, qu'on ne dira plus rien, qui n’ait deja esté dit, nihil dici, quod non dictum sit prius. Car ou l’on dira ce qui a esté dit, ou << bien, si l’on veut continuer de dire des choses nouvelles >, l’on épuisera ce qui reste encor à dire, < puisque cela est fini comme nous demonstrerons tantost. > Il s’agit donc de donner ur nombre plus grand que le nombre de tout ce qui se peut dire ou enoncer: c’est ce que nous allons faire.

Pæi., VIII, 100-101 (4 p. in-4°).

(x) Ratio est in Natura, cur aliquid potius existat quäm nihil. Id conséquens est magni illius principü, quod nihil fit sine ratione quemadmodum etiam cur hoc potius existat quam aliud rationem esse oportet. =

(2) Ea ratio debet esse in aliquo Ente Reali, seu causa. Nihil aliud enim causa est, quam realis ratio: neque veritates possibilitatum et

Puiz., VII, 95.

92 verso

Paiz., VII, 100101. 100 récto,

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