Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE. D)

ceux qui lisaient des discours écrits, reprenaient quelque avantage sur lui et M. de Lévis rapporte à ce propos une anecdote assez curieuse. Choqué de ne pas paraître supérieur dans tous les genres, Cazalès compose un discours et commence à le réciter comme s’il jaillissait à l'improviste de son âme; seulement, à mesure qu'il avançail, la vivacité de son esprit lui présentant des arguments nouveaux, il s’embrouille si fort qu’il ne peut continuer; et on découvre ainsi la petite charlatanerie.

Charlatanerie! Voilà un bien gros mot, même avec le diminutif qui précède, et le duc de Lévis ne parlet-il pas en homme de salon, un peu jaloux des succès de tribune auxquels il ne pouvait guère prétendre ?

Il avait aussi l’esprit de répartie. Dans son discours sur l’orgauisation judiciaire, comme :il déplorait la destruction du clergé, de la noblesse, du parlement, un député de la gauche, M. Lavie, interrompt: « Il est bien étonnant qu'on ne veuille pas entendre l’oraison funèbre de tant d'oppresscurs ! — Je crois, riposte Cazalès, qu’il me serait facile de prouver que c’est l'oraison funèbre de la monarchie. » A cette époque de cosmopolitisme humanitaire, il déclare fièrement que le sang d’un seul Français lui est plus précieux que celui de tous les peuples du monde; en même temps, il rompt en visière aux ministres, reproche à Necker de s'être constamment tenu derrière la toile, d’avoir pro-

1. Toutes les causes étrangères, dira Bismarck, ne valent pas les os d’un seul fusilier poméranien.

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