Orateurs et tribuns 1789-1794
10 ARATEURS ET TRIBUNS:
voqué la Révolution sans avoir préparé les moyens qui devaient en assurer le succès, laissé l’Assemblée nationale s’embarrasser dans sa propre ignorance ; puis, le mettant en parallèle avec Strafford, il excite l’admiration de ses collègues par cette véhémente philippique :
« Ce n’est pas ainsi qu'agissent les ministres fidèles. Pendant la longue convulsion qui agita l'Angleterre, sous le règne de l’infortuné Charles, Strafford, ce ministre qui joignait tant de talents à tant de vertus, fut traîné sur un échafaud; mais l'Angleterre le pleura, mais l’Europe entière honora sa mémoire, et son nom est un objet de culte pour tous les sujets de l'empire calmé! Tel est l'exemple que doivent suivre, tel est le modèle que doivent se proposer {ous ceux qui sont appelés par la confiance de leur roi, dans ces temps difficiles, au maniement des affaires publiques. S'ils ne se sentent pas le courage de périr ou de rétablir la monarchie ébranlée, ils doivent se refuser à l'honneur qui leur est confié. Strafford mourut: et n'est-il pas mort aussi, ce ministre qui naguère a lâächement déserté la cause publique, abandonnant le royaume aux malheurs qu lui-même avait suscités ? Son nom n'est-il pas effacé de la liste des vivants? N'éprouve-t-il pas l’affreux supplice de se survivre à lui-même, et de se voir d'avance voué au mépris des générations futures ? Quant aux serviles compagnons de son ministère, quant à ces hommes qui sont aujourd’hui l’objet de votre délibération, on pourrait leur appliquer à juste titre le vers du