Orateurs et tribuns 1789-1794

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lution, suspect. Il y a des castes qui sont dejà jugées; il ya des professions qui portent leur jugement; il y a des parentés qui sont frappées de soupçons par la loi. Oh! qu'une fausse pitié peut faire de maux! » Et ailleurs : « L'arbre de la liberté fleurit quand il est arrosé du sang de toutes les classes de tyrans. » Ces tirades enragées avaient grand succès dans un temps où l’ancienne éloquence française faisait place à une éloquence nouvelle, faite de déclamations ossianesques, de calembours, d'interjections délirantes lancées au hasard.

Dans ses rapports militaires, que le peuple baptisa du nom de carmagnoles, ce Tyrtée révolutionnaire fait mousser, interprète les lois, les bulletins de victoire, explique l'état des armées, la conduite de la guerre; c’est ce travail qui contribua surtout à le rendre célèbre ; et l'effet de ces carmagnoles était considérable assurément parmi les habitués de la tribune, dans les rangs de l’armée, si grand qu’elles excitèrent la jalousie de Robespierre et de Saint-Just. Parmi ce fatras de phraséologie, je relève deux ou trois belles expressions : « Les triomphes constants des quatorze armées de la République étaient comme un nuage de gloire élevé sur nos frontières pour empêcher l’Europe coalisée de voir nos divisions intestines. » Après la prise de Toulon, il présente ce succès comme une lettre de change que la gloire de la patrie avait tirée par l’armée des Pyrénées-Orientales sur les autres armées de la