Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 291

République. Et cette lettre de change tirée par la gloire fut acceptée par les autres armées... La liberté, dirat-il une autre fois, est devenue créancière de tous les citoyens ; les uns lui doivent leur industrie, les autres leur fortune; ceux-ci leurs conseils, ceux-là leurs bras; tous lui doivent leur sang.

Les Mémoires de cette courtisane politique se lisent

encore avec agrément, à condition qu'on n’y soit pas guidé par la recherche de la vérité. Je voudrais en extraire les traits les plus curieux. Voici Robespierre !, le pape révolutionnaire, qui lui pardonna de lavoir appelé un homme d'un jour, un petit entreprencur de révolutions, de lui avoir décerné une couronne formée des cyprès du 2 septembre; Robespierre, ce triste bâtard de Rousseau conçu dans un mauvais jour, au sujet duquel Cambacérès répondait à Napoléon l’interrogeant sur le 9 thermidor: « C'est un procès jugé et non plaidé »; Robespierre, qu'après avoir insulté, exalté, servi à genoux et contribué à tuer, Barère finit par juger ainsi : « Nous ne l’avons pas compris, il avait le tempérament des grands hommes, et la postérité lui accordera ce titre. »

Voici Saint-Just, dont la ressemblance avec Charles IX frappa Robespierre, Saint-Just qui disait à ce dernier :

1. Cependant Robespierre accepta un diner chez Barère. « Robespierre ici! murmura Saint-Just; Barère est le seul homme auquel Robespierre ait pardonné !.. »