Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 293

monarchie de Juillet, presque tous défilent dans ces Mémoires, calomniés, moqués, excusés selon la fantaisie, les rancunes ou les préférences de l’auteur, très souvent même attaqués et réhabilités tour à tour, d’un chapitre à l'autre : Beaumarchais qui définit le gentilhomme français : un animal qui a des dettes, Beaumarchais défini lui-même par le comte de Vaudreuil : une pierre à fusil, plus on le frappe, plus il en sort d'étincelles ; — Mirabeau criant aux aristocrates de la Constituante : « Vous verrez plus tard que les révolutions ne sont pas des jeux d'enfants »; son mot à Barnave : « Tu as les yeux froids et fixes; il n'y a point de divinité en toi »; son mot sur Talleyrand : « C’est une éponge qui passe à travers la conversation et qui n’en prend que ce qui peut lui être utile ». L'abbé Maury répondant à d’Alembert qui l’interroge s’il croit à l’Église : Je crois à ses bénéfices: — Maury disant de Mirabeau le grélé qui tirait vanité de sa laideur : « C’est un grand avantage d’être Jaid, mais il ne faudrait pourtant pas en abuser »; — l'Espagnol Izquierdo et son mot cruel sur les Parisiens : « Qu'importe aux Parisiens que les larmes du genre humain coulent à flots, pourvu que les larmes ne coulent point à Paris, » puis prophétisant le résultat de la politique guerrière de Napoléon : « Bonaparte prend le taureau par les cornes, il succombera », il désignait. l'Europe par le bœuf, l'Espagne et la Russie par les cornes ; Fox s’écriant à la Chambre des communes : « En ce