Orateurs et tribuns 1789-1794

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temps-ci, l'honneur n’est plus que dans les foyers domestiques » ; — Bonaparte, son patriotisme au pas de charge, la réponse que Barère lui adressa, ou rêva lui avoir faite, lorsque le premier consul lui dit, après lavoir délivré des persécutions infligées par cette poussière puissante qui fut le Directoire : « Vous devez être content des succès de Marengo — Général, il ne vous manque plus que la gloire de Scipion l’Africain ; » l’observation de Barère lorsque, après le 9 thermidor, Sieyès proposa de placer sur le pavillon des Tuileries une grande cloche pour sonner le tocsin en cas d’émeute : « Dieu vous préserve de la messe de l'abbé Sieyès ! » — sa réplique à Fréron qui l’interrompait sans cesse par des injures : « Par quelle fatalité faut-il donc que la République française soit condamnée comme la République des lettres à avoir aussi son Fréron? » Barère raconte une plaisante anecdote sur certain bourgeois parisien, fils d’un échevin de la ville de Paris qui, en pleine Terreur, veut absolument être traité comme un noble, et se plaint de ce qu’on ne classe pas sa noblesse parmi la noblesse féodale. Il insiste, Barère insiste à son tour et répète que sa noblesse toute moderne n’est nullement menacée. Il s'emporte et répond que l’échevinage donne une noblesse reconnue et transmissible; ce que voyant, Barère lui offre une réquisition comme noble et lettré autorisé à rester à Paris: « Non, monsieur, je ne suis point homme de lettres. Je suis fils d’un échevin de la ville