Orateurs et tribuns 1789-1794

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l'écoutait, le faisait asseoir à côté de lui : « Mettez-vous de ce côté, disait-il, c’est ma bonne oreille (il était un peu sourd de l’autre). » Il fut plus fort que la disgrâce, écrit un de ses panégyristes, parce qu’il ne croyait pas qu'il pût y avoir de défaite véritable pour celui qui ne cède qu’aux inspirations de sa conscience.

« Je viens comme Catulle, avait dit le comte de Virieu' pendant la nuit du 4 Août, en proposant l'abolition du droit de colombier, je viens apporter mon moineau sur l’autel de la patrie. — IL est plus d’une Lesbie pour l'accepter, » répondit-on avec grâce. Il se montra moins bien inspiré dans une autre circonstance que raconte Montlosier : « Un jour, le 9 septembre 1789, lors de la discussion sur les deux Chambres, le comte de Virieu monta à la tribune, au sujet de quelque scène de massacre qui venait d’être rapportée. Il me semble l'entendre encore avec sa voix douce et tremblante : — Messieurs, je vous en conjure au nom de la patrie, rendez au pouvoir exécutif ef au pouvoir judiciaire la force dont ils ont besoin. — Voilà des éclats de rire qui partent de toutes parts. A ce spectacle, Virieu, qui était homme de cœur, se relève et dit d’une voix forte : —Eh quoi ! faut-il qu'une Assemblée nationale soit emportée par une poignée de démagogues? Il montre de la main la partie de la salle où siégeaient Mirabeau et Barnave : « Non, messieurs ! » En même temps, il lâche un f...

4. Né à Grenoble en 1754, mort en 1793.