Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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après avoir rappelé que Napoléon, coutumier de ces sortes d'accidents, se courrouçaitd’ordinaire, s’emportait contre son cheval, son grand écuyer, : ses serviteurs, nouslemontrecette foissilencieux, « subitement assombri ». C’est que le superstitieux qu’il était s’éveillait en lui et que, peut-être, il ressentait déjà cette appréhension que Berthier exprimera tout à l’heure à Caulaincourt en lui disant : « Nous ferions mieux de ne pas passer le Niémen. Cette chute est d’un mauvais augure. » Notre historien excelle à mettre en scène ces menus objets et à faire ressortir l'importance qu’ils prennent parmi d’autres, plus considérables, sans doute, mais qui n’exercent pasune influence égale sur les dispositions de son héros. Et il est en effet bien vrai, ainsi qu’il est conduit à le prouver à plusieurs reprises, que durant toute la campagne le souvenir de cette chute hanta l'esprit de l'Empereur.

Dans Ja conclusion de son livre, M. Albert Vandal décrit en larges coups de pinceau les débuts de la fatale guerre de Russie. I le ferme au moment où Napoléon, en avançant au cœur de l'empire des tsars, s’irrite de voir l'ennemi qu’il

poursuit se dérober sans cesse à ses coups, fuir