Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

102 CONVENTION

» XI. La loi donne pour défenseur, aux patriotes calomniés, » des jurés patriotes; elle n’en accorde point aux conspirateurs. » XII. L’accusateur publie ne pourra, de son autorité » privée, renvoyer un prévenu adressé au tribunal, qu'il » y aura fait traduire Jui-même, dans le cas où il n’y aurait » pas nature à une accusation devant le tribunal. Il en fera » un rapport écrit et motivé à la chambre du conseil, qui » prononcera. Mais aucun prévenu ne pourra être mis hors » de jugement avant que la décision de la chambre n’ait été » communiquée au coraité de salut public, qui l’examinera.»

Ün fait important avait précédé la loi du 22 prairial.

Collot:d'Herbois était à Paris, J'ai dit que les victimes lui avaient manqué à Lyon. Sa popularité parmi les jacobins était, comme ses forfaits, sans mesure.

La chute d'Hébert n'avait pas ébranlé Collot-d’Herbois. La mort d’un tel homme n'avait pas anéanti cette faction, dont Collot restait le chef. Robespierre le haïssait, le crai= gnait plus que tous les rivaux qu’il s'était immolés. Un homme nommé Ladmiral concut le projet d’assassiner Collot. On ne sait si ce fut la vengeance de l'humanité, celle des Lyonnais, ou une vengeance personnelle qui lui inspira cette pensée. Il demeurait dans la même maison que Collot; il avait eu des liaisons avec lui. Il paraissait un client de cet exécrable patron. Ii l'attend un soir à l'entrée de sa chambre. Vraisemblablement il préluda par des menaces au coup qu’il voulait frapper. Collot-d'Herhois avait crié au secours ; un serrurier était accouru. Collot-d'Herbois, en danger, trouva un homme

uile couvrit de son corps. Ce serrurier reçut deux coups de feu dont il fut assez gravement blessé. Collot ne fut point atteint. La France fut appelée par la convention à se réjouir de ce que celui qui avait mêlé des flois de sang aux flois du Rhône lui eût été conservé. L'adoration pour Collot fut la même que pour Marat égorgé. Pendant un mois la convention entendit , à l'ouverture de chacune de ses séances, le bulletin de la maladie de l’homme qui s'était dévoué pour lui. Bientôt la convention est instruite qu’une nouvelle Charlotte Corday a voulu attenter aux jours de Robespierre, et qu’elle est arrêtée. Toute la vérité de ce fait se réduisait à ce qu’une jeune fille de dix-huit ans, nommée Cécile Renaud, s'était présentée chez Robespierre, avait demandé à le voir, avait répondu avec embarras à une femme qui linterrogeait sur le motif de ses instances. Nulle arme n’avait été trouvée sur elle. Robespierre voulut que cet assassinat prétendu fût lié avec celui qui avait été tenté sur Collot-d’Herbois. On rendit alors l'hommage d’une adulation féroce au tyran.