Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 163

On établit, comme un fait prouvé, que c'était le gouvernement anglais qui dirigeait et soudoyait les assassinats tentés contre Collot et Robespierre; et, pour exercer des représailles dignes de ces destructeurs de la société, on rendit un décret par lequel il était défendu à nos généraux, à nos soldats, sous peine de mort, d'accorder la vie à tout Anglais ou Hanovrien qui rendrait les armes : mais l'honneur de nos généraux et de nos soldats s'indigna de cette loi barbare. Il paraît qu’elle ne fat jamais exécutée. Le tribunal révolutionnaire servit, je ne dirai pas la vengeance, mais l’homicide combinaison de Robespierre, Soixante personnes ; presque toutes étrangères les unes aux autres, furent enveloppées dans ce qui fut appelé la conspiration de Cécile Renaud, ou du baron de Batz, ou du gouvernement anglais. Ladmiral, dans ses interrogatoires, déclara qu'il n'avait eu nul complice. Sa fermeté ne se démentit pas un se ul instant; il soupirait seulement quelquefois à la vue de tant d'êtres faibles et touchans qu’on allait associer à son supplice. Cécile Renaud eut un calme héroïque. Interrogée sur le motif de la visite qu’elle rendait à Robespierre : Te voulais voir, dit-elle, comment est fait un tyran. Son père ; deux tantes, avec lesquels elle vivait, furent condamnés avec elle. Le même sort élait réservé à ses deux jeunes frères, qui partageaient à l’armée les périls et les triomphes de nos soldats. On les en arracha. Quand ils arrivèrent à Paris, l'univers était délivré du bourreau de leur famille. Parmi toutes ces victimes était un jeune homme de vingt-six ans, Hippolyte Laval-Montmorenci. Les grâces de son esprit, l'élévation de son caractère , faisaient, depuis six mois, les consolations d’une prison d'où il était accusé d’avoir méditédes assassinats. Mme Sainte- Amaranthe, sa fille et son gendre , Sartine , furent égorgés en même temps. La terreur leur avait fait rechercher des liaisons avec des hommes atroces, avec Robespierre lui-même. On prétend qu’un jour, devant ces femmes, Robespierre, dans l'ivresse, annonça des projets d'extermination contre plusieurs de ses collégues, et que le lendemain, revenu à lui, il résolut d’anéantir leur témoignage avec leurs jours. Mme Sartine était d’une beauté ravissante ; elle parut sourire à l'aspect de la mort. Les témoins accoutumés de ces exécrables spectacles s’énivrèrent de celuici, et des furies se plaisaient à en vanter la magnificence. Tous les jours cette procession funèbre se renouvela, ou dans un même nombre, ou dans un nombre supérieur, depuis la loi du 22 prairial. Fouquier-Thinville ( c'est Juimême qui, dans son procès , a rapporté ce fait) fut mandé au comité de salut public et de sûreté générale, y reçut